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Tesselle

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‘Tesselle' est basée sur le concept de canon rythmique ou « pavage de la ligne » qui provient également du concept mathématique connu comme "pavage du plan". Le compositeur nord-américain Tom Johnson a été le premier à théoriser et à mettre en pratique ce concept dans le cycle de pièces "Tilework". L'œuvre lui est dédiée.

 

Pour comprendre ce concept, nous pouvons penser aux mosaïques des palais nassarites de l'Alhambra. Les artisans qui les réalisaient travaillaient intensément sur les différentes manières de modifier certaines figures géométriques afin qu'elles puissent se compléter pour former un motif : la condition essentielle était que tout l'espace soit occupé sans laisser de vide. C'est ce que l'on appelle « tiling pattern ». La symétrie, au sens le plus large du terme, est la clé de cette technique. En musique, bien sûr, on ne peut pas faire de pavages en deux dimensions, mais on peut en faire une, celle du temps.  

 

Dans cette œuvre pour orchestre, cette idée est développée selon deux axes différents mais complémentaires. D'une part, il s'agit de l'utilisation de structures rythmiques microscopiques organisées en canons rythmiques décrits ci-dessus. Concrètement, en utilisant multiples voix rythmiquement identiques qui sont successivement différenciés dans le temps (avec l'idée de ne pas laisser de temps "vides”), elles prolifèrent dans le temps comme une masse amorphe dans un processus constant de contraction et de dilatation. D'autre part, dans l'utilisation extrêmement réduite des matériaux à la manière d'un motif unique si visible dans une mosaïque construite par pavages. Dans le cas de cette œuvre, une simple échelle est le germe (ou motif) sur lequel s'organise l'ensemble de l'œuvre. 

 

Cette écologie en termes d'utilisation du matériau représente une continuité par rapport à mes travaux plus récents, ces derniers étant également axés sur le phénomène des paradoxes auditifs (cycle de pièces One paradox, Five movements on Pendulum music, etc.) Au fil des années, ma musique a progressivement abandonné toute figuration, tout ce qui appelle au littéral et à la surface, pour se plonger dans l'essence de la matière qui y est représentée. Un minimalisme entendu comme l'utilisation d'un matériau minimal qui est en même temps représenté dans le temps avec des prémisses minimales. Si la beauté des mosaïques nassarites réside précisément dans le choix d'une figure minimale et dans sa capacité à remplir tout un espace sans abandonner l'essence de la tessellation primaire, il se passe quelque chose de semblable dans "Tesselle".

 

Enfin, il convient de préciser que, bien qu'en musique le temps avance de manière irrémédiable et que, comme mentionné ci-dessus, nous ne pouvons pas paver en deux dimensions, le concept de tesselle nous permet réellement d'imaginer l'orchestre comme une véritable mosaïque nassarite. Il s'agit de projeter la musique dans un espace où le son semble se propager par récurrence ou semble se figer en tournant sur lui-même comme une spirale. Cette double image nous ramène à une idée signalée par Eugenio Trías dans son libre "Lógica del límite" : "la musique, comme l'architecture, donne forme à quelque chose qui doit être habité". En d'autres termes, le temps musical ne se comporte pas toujours de manière linéaire, mais peut aussi être conçu comme un espace où les sons cohabitent dans un processus de déformation constante.

Instrumentation

Orchestra

3(=picc).2.3(=bcl).3(=cfg) 4.2.3.1 2perc 1tmp 1hp strings(14.12.10.8.6)

Details

2022

 

dur. : 18'

Work commissioned by Barcelona ‎Creació Sonora with the support of Incentivos a la Creación Musical 2022 SGAE

 

World Premiere on November 11/12 2022 in Auditori de Barcelona / Orquestra Simfònica de Barcelona i Nacional de Catalunya (OBC) conducted by Cristian Macelaru

Publishing

Published by Universal Music

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Recording scheduled for 2024

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